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Au pays des Schtroumpfs Littéraires.
27 décembre 2008

travail de noël

voici ce qui nous a été envoyé par MMe desmas

Bonjour,
Pour combler un peu la place prise par ces vacances arrivées trop vite, je t'envoie en pièce les grandes lignes de ce que nous aurions fait cette semaine avec trois adresses de sites à visiter. L'important, c'est de faire correspondre les image et le texte. Si tu peux, essaie de faire l'analyse d'un bâtiment.

Bonnes fêtes de fin d'année

http://www.aboutbrasilia.com > site en anglais, aller plus particulièrement "maps of brasilia" et "photos of brasilia"
fr.wikipedia.org/wiki/Oscar_Niemeyer
www.geocities.com/augusto > superbe photos, mais sans commentaires

et voici la piece jointe:

BRASILIA

Brasilia, c'est l'exemple parfait d’ utopie urbaine des années 50. Contruite à partir de rien, en 3 ans entre 1956 et 1960, c’était la réponse du gouvernement d’alors au problème de dépopulation et à la répartition du pouvoir du centre du Bresil au profit des villes côtieres (les mauvaises langues disent que le gouverment voulait éviter les révoltes...). Résultat : une ville OVNI en forme d’ avion avec un axe central où travaillent les administrations et 2 “ailes” dans lesquelles sont réparties les "Superquadras", des blocs d'habitation conçu comme des unités indépendantes, des petites villes toutes identiques avec des appartements, des magasins, postes... Le tout a un aspect étrange, non seulement pour en raison de l’architecture “rétro futuriste” d’ Oscar Niemeyer , mais surtout pour les déjà vu lorsque l’on conduit dans les rues sans piétons, alors qu’ on est simplement dans le super quadra S4W5, voisin du superquadra S4W3...

Dès que les travaux du Plan-pilote furent terminés,un afflux de personnes pauvres,à la recherche d'un emploi,s'est installé dans la « ville provisoire » de baraques qui avaient été construites pour abriter les ouvriers au moment des grands travaux.
Un immense bidonville s’est ensuite développé aux alentours de ces habitations précaires situées immédiatement au-delà du plan pilote.
Ce qui fait qu’à partir de 1970, les autorités qui géraient l’espace du district fédéral autour de ce Plan-pilote ont décidé de planifier des zones d’habitat appelées "villes-satellites". Il y en a 16, plus ou moins proches du Plan-pilote. Elles abritent maintenant plus d'un million d’habitants. Certaines villes sont composées de maisons modestes et d' immeubles collectifs. D’autres villes ne sont constituées que de lotissements situés le long de rues tracées à angles droits dans des maisons plus ou moins terminées car,le plus souvent, les propriétaires font eux-mêmes les travaux.
Toutes ces "villes satellites" ont les commerces nécessaires à la vie de tous les jours et sont desservies par les bus.
Une ligne de métro traverse aussi l'aile sud et dessert les villes de Taguatinga,Ceilandia et Samambaia.

   Le 21 avril 1960, le président de la République brésilienne, Juscelino Kubitschek, inaugurait solennellement Brasília, la nouvelle capitale fédérale du Brésil. Ville neuve, édifiée à l'intérieur des terres, sur le plateau central, à 1 200 kilomètres de São Paulo et de Rio de Janeiro, Brasília est le fruit d'un projet d'une grande audace politique, urbaine et architecturale. Quarante-cinq ans plus tard, le pari d'inverser la tendance séculaire à la concentration de la population brésilienne sur le littoral semble être gagné. L'agglomération de Brasília, qui regroupait 2,33 millions d'habitants en 2000, est devenue une métropole de référence dans le réseau urbain brésilien (8e agglomération du pays) et joue un rôle international.

    Le projet d'ériger une nouvelle capitale (en remplacement de Rio de Janeiro), récurrent depuis l'indépendance en 1822, est finalement lancé dans les années 1950. La fondation de Brasília devait achever et couronner la « brésilianisation » du pays, c'est-à-dire l'affirmation de son identité culturelle et son engagement sur la voie de l'indépendance économique, dans le cadre d'un programme de développement national qui définit les contours d'un Brésil moderne, industriel et urbain. À l'époque où le Brésil accueille sa première Coupe du monde de football, où naît la bossa nova et triomphe le cinema novo, le Brésil relève le défi de construire, dans une région quasi déserte, et à partir de rien, la capitale d'un pays de 8,5 millions de kilomètres carrés. L'entreprise d'État Novacap, « compagnie urbaine de la nouvelle capitale », fondée en 1956, devient le maître d'ouvrage chargé de choisir et d'exécuter l'un des dix avant-projets d'urbanisme soumis à un concours.

    Bien plus qu'une nouvelle capitale politique et administrative, Brasília devait être l'instrument de transformation politique et sociale du pays qui commençait son processus d'industrialisation. L'architecte brésilien Oscar Niemeyer, qui avait déjà travaillé avec Kubitschek lorsque celui-ci était gouverneur du Minas Gerais (construction du quartier de Pampulha à Belo Horizonte et de plusieurs édifices à Diamantina en 1950), est d'emblée convié par le président, tandis que la commission de sélection retient le projet urbain de Lucio Costa. Le plan pilote, fondé sur le dessin d'une croix ou d'un avion, est formé de deux axes, l'un, droit, qui abrite les édifices du pouvoir, l'autre, incurvé, qui a une fonction résidentielle. Ce plan constitue un cas d'école qui a fasciné les urbanistes par sa simplicité et son efficacité. L'architecte et l'urbaniste s'accordent pour concevoir la ville comme une œuvre d'art, métamorphosée en un lieu magique où se jouerait l'égalité des chances du Brésil du futur, en inventant un urbanisme adapté à une démocratie libérale. Ainsi, le plan est organisé avec des zones fonctionnelles selon les secteurs d'activités spécialisés (commerces, hôtels, ministères...), séparant le lieu de travail de celui de l'habitation, et devant permettre une circulation dense et rapide grâce à un système d'échangeurs autoroutiers. Le long des deux grandes avenues se trouvent les plus beaux exemples d'architecture moderne. Conçus par Niemeyer, les lieux de pouvoir ont des formes totalement nouvelles, telles les colonnes du palais de l'Alvorada, résidence du président, la coupole de la cathédrale, et plus encore la place des Trois-Pouvoirs érigée à la gloire de l'État. Quant aux unités d'habitation du plan pilote, elles sont composées d'immeubles de quatre à six étages, regroupées par série de quatre, formant ainsi des unités de voisinage (superquadras) donnant sur des espaces ouverts et arborés. Entre chacune de ces superquadras, le long de voies d'accès motorisées, se trouvent les services et les commerces.

    Cependant, dès le début, la ville est marquée par une dualité. D'un côté, la modernité du plan urbain la rend apte à recevoir la haute administration de la fédération ; de l'autre, elle doit héberger les classes populaires œuvrant à sa construction. Malgré l'éloignement du site, qui oblige à réaliser en priorité une piste d'atterrissage pour faire venir les hommes et les matériaux avant de construire les routes reliant Brasília aux autres capitales des États fédérés, le chantier, commencé en 1957, est mené bon train. Le président Kubitschek (1955-1960) peut ainsi l'inaugurer à la fin de son mandat. La ville comptait alors déjà 120 000 habitants, dont près de la moitié résidait dans les « villes satellites ».

    La ville de Brasília s'est construite avec un maximum d'équipement (commerces, services, écoles...), pour répondre aux sévères contraintes urbanistiques du plan pilote qui prévoyait une population de 500 000 habitants dans la zone centrale, devant être complétée par des villes satellites. Mais la croissance urbaine a été beaucoup plus rapide que prévu, provoquant une forte spéculation immobilière, et des occupations illégales de terrains. Les programmes pour les lotissements urbains, prévus par la Novacap, ont dû être réajustés tous les dix ans.

    Bien qu'envisagé dès le plan d'origine, le développement des villes satellites correspond à des logiques différentes de croissance, d'ajustement et de désengorgement. Les premières villes satellites, tel le campement initial de Brasília, connu sous le nom de Nucleo Bandeirante, ont été créées pour loger les ouvriers des chantiers dès 1956, et ont perduré. D'autres cités de la périphérie ont été construites dans les années suivantes, notamment pour répondre au problème des invasions de terrain menées par des migrants arrivant de toutes les régions du Brésil, attirés par la possibilité de trouver un emploi. Les autorités du district fédéral (unité administrative de Brasília) ont déplacé, souvent par des expulsions manu militari, ces quartiers pauvres et illégaux vers des lotissements planifiés, par exemple à Ceilândia où, en 1971, en l'espace de huit mois, 80 000 personnes ont été relogées (la population y atteint 350 000 habitants en 2000), ou à Samambaia, édifiée en 1985 afin de développer l'activité économique dans les villes satellites. Ainsi, de 1960 à 1980, alors que la population prévue par le plan pilote était multipliée par quatre, celle de Taguatinga, la première ville satellite créée dans le district fédéral en 1958, l'était par huit. Cette dernière, qui dépasse 250 000 habitants en 2000, est reliée au centre par une ligne de métro sur plus de quarante kilomètres et trente-trois stations, soulignant l'énorme expansion du tissu urbain.

    Après une quarantaine d'années, la ségrégation sociale s'est aggravée entre les classes privilégiées pouvant habiter le plan pilote initial et ses extensions (secteurs Octogonal créé en 1985, ou Sudoeste en 1994), et la population plus pauvre qui se retrouve dans les lotissements les plus éloignés (à plusieurs dizaines de kilomètres du centre) construits dans de nouvelles villes satellites. Dans le plan pilote et sur les berges du lac artificiel de Paranoa résident les élus et les représentants du peuple, les membres du gouvernement fédéral et leur famille, ainsi que les hauts fonctionnaires des ministères. Ces habitants de Brasília revendiquent, dès leur installation, le nom de Brasilienses, et dont les revenus sont parmi les plus élevés du Brésil. Dans les villes satellites se trouvent les travailleurs de la construction, les employés et autres manutentionnaires des institutions gouvernementales, les petits commerçants, les travailleurs précaires du secteur informel, qui gardent encore le nom de Candangos (constructeurs itinérants).

    En 1987, Brasília est classée au Patrimoine mondial de l'humanité par l'U.N.E.S.C.O., érigée ainsi en ville-monument contrainte de préserver la cohérence du projet architectural, social et culturel initial, afin de défendre un certain égalitarisme. Dans le même temps, l'urbanisation de l'agglomération de Brasília dépasse les limites du district fédéral (5 800 kilomètres carrés). Elle est alimentée par le développement des réseaux de transport qui relient Brasília au reste du pays, puisque pas moins de deux cent cinquante villes sont accessibles à partir de la gare routière et que la capitale dispose de presque autant de vols réguliers que São Paulo. Pour planifier ce nouvel ensemble urbain, une Région intégrée de développement du district fédéral (R.I.D.E.), incluant des communes des États voisins de Goias et du Minas Gerais, est créée en 1998. Il s'agit de coordonner les actions d'aménagement du territoire et, notamment, de lutter contre les constructions illégales. De plus, la nouvelle région urbaine que Brasília forme avec les villes de Goiânia (1,2 million d'habitants selon les estimations de 2005) et d'Anápolis (300 000 habitants), joue un rôle de relais dans la diffusion du modèle de développement urbano-industriel pauliste.

    Brasília est également la principale agglomération du cerrado, cette formation végétale de savanes à forêt-galeries qui fait la transition entre la forêt dense proche de la côte et l'Amazonie, où la saison sèche dure plusieurs mois. Cet espace, qui occupe le centre du pays, a été sous-peuplé durant des siècles - il n'y n'existait que des bourgs de mineurs (or, cristaux...). Mais, depuis la fin des années 1970 et le développement de la culture mécanisée du soja en rotation avec le maïs et le coton, elle est en pleine transformation avec la construction de nouveaux réseaux d'infrastructures (transport, services, télécommunications, etc.). Face à ce boom agricole qui détruit les milieux, déracinant les arbustes et nivelant les sols, jusqu'aux lignes de sources, les O.N.G. écologistes nationales et internationales défendent, depuis les années 1990, la préservation de ces écosystèmes fragiles, souvent ravagés par les incendies. Des parcs naturels (par exemple, à une centaine de kilomètres au nord de Brasília, le parc Chapada dos Veadeiros) et des parcours écotouristiques commencent à se développer. Par ailleurs, 42% de la surface du district fédéral, principalement les espaces autour des réservoirs d'eau et les reliefs soumis à l'érosion, ont obtenu le statut de zone protégée.

    Ainsi, Brasília reste une référence très particulière tant dans l'histoire de l'urbanisme que dans l'histoire du Brésil moderne. La capitale assume pleinement son rôle politique, elle héberge des institutions internationales et des organismes latino-américains tel que le secrétariat permanent du Traité de coopération amazonienne (T.C.A.), et elle demeure une expérience spatiale, sociale et politique en perpétuel ajustement.

    Le brusque essor de l'architecture brésilienne depuis 1936 et la place de choix qu'elle occupe désormais dans le panorama mondial sont dus pour une bonne part à la personnalité exceptionnelle et à la puissante imagination plastique de Niemeyer. La renommée de ce dernier sur le plan international a toutefois tendance à rejeter dans l'ombre l'action et les réalisations d'autres architectes (Lucio Costa, Alfonso Eduardo Reidy, les frères Roberto, Vilanova Artigas...) qui ont, eux aussi, contribué à l'éclosion ou au développement en profondeur d'un mouvement aux multiples ramifications qui constitue une des grandes fiertés du Brésil. Cette éclipse d'indéniables talents au profit d'une figure dominante est quelque peu regrettable, car elle limite par trop la richesse et la variété des créations architecturales brésiliennes, mais la réputation de Niemeyer n'est pas usurpée : il a joué un rôle décisif dans son pays et son influence a rapidement dépassé ce cadre pourtant vaste pour faire de lui un des noms les plus en vue de l'architecture contemporaine. On ne s'étonnera pas que l'orientation de son œuvre ait donné lieu à de vives controverses et à des prises de position passionnées : admiré pour son génie de l'invention formelle, il se vit souvent reprocher un manque de considération pour la solution des problèmes d'ordre fonctionnel ; il déclencha enfin l'ire de quelques théoriciens dont les conceptions étaient à l'opposé des siennes.

    Oscar Niemeyer Soares Filho est né à Rio de Janeiro en 1907 ; il fit ses études à l'École nationale des beaux-arts de sa ville natale et y obtint son diplôme d'architecte en 1934. L'enseignement délivré dans cette institution, fondée au siècle précédent sur le modèle de l'École des beaux-arts de Paris, était traditionnel. Un vent de renouveau y avait pourtant soufflé en 1931, pendant une courte période de sept mois, lorsque Lucio Costa, alors âgé de vingt-huit ans, en avait été nommé directeur, après la révolution de novembre 1930. L'augmentation du corps professoral par le recrutement de jeunes contractuels d'avant-garde et l'organisation d'une double filière de cours, dont le choix était laissé aux étudiants, avaient bouleversé structures et habitudes. L'adhésion enthousiaste des élèves ne faiblit pas avec l'échec rapide de la tentative et la reprise en main de l'École par les professeurs titulaires ; si les résultats pratiques de la grève qui suivit le renvoi de Costa se révélèrent minces sur le plan officiel, un nouvel état d'esprit était né et les partisans convaincus d'une architecture « moderne » se regroupèrent autour du directeur évincé pour étudier l'œuvre de Le Corbusier, considéré comme le livre sacré de l'architecture depuis le rapide séjour et les conférences de ce dernier à Rio de Janeiro en 1929. C'est ainsi qu'avant même d'obtenir son diplôme et par souci de compléter sa formation théorique et pratique Niemeyer entra comme dessinateur bénévole dans le cabinet de Costa. L'opération allait rapidement se révéler bénéfique, car ce fut grâce à elle que Niemeyer se trouva finalement incorporé dans l'équipe chargée d'établir les plans du ministère de l'Éducation et de la Santé (devenu palais de la Culture).

    Cet ouvrage, projeté et construit à Rio de Janeiro de 1936 à 1943, a constitué un véritable point de départ pour l'architecture contemporaine locale. Il a permis un contact direct des membres, du groupe brésilien (Costa, Reidy, Moreira, Leão, Vasconcellos et Niemeyer) avec Le Corbusier, appelé comme architecte-conseil. Les trois semaines de travail intensif sous la direction du maître admiré (juillet-août 1936) suffirent à transformer la méthode et l'état d'esprit des disciples, dont la timidité se dissipa brusquement ; ils comprirent alors que la fidélité inconditionnelle au style international austère des années 1920-1930, qui bridait leurs capacités, n'était plus de mise ; la découverte de l'importance décisive accordée par Le Corbusier aux problèmes formels fut pour tous, mais surtout pour Niemeyer, une révélation. Partie d'une des esquisses de Le Corbusier, l'équipe brésilienne réalisa une œuvre très différente de celle proposée par le dessin initial tout en en conservant les divers éléments. L'originalité de la création finale provenait d'un certain dynamisme dû à une succession d'oppositions (façades, volumes), de la légèreté de la composition et de la richesse décorative de l'ensemble (fresque et mosaïques de Portinari, sculptures de Lipchitz et Giorgi, jardins de Burle Marx). Le retentissement de cette œuvre fut immense et contribua de façon décisive au succès de la nouvelle architecture au Brésil.

    L'ascension de Niemeyer fut extrêmement rapide ; il la dut en partie à l'aide dévouée que lui apporta Costa, dès que celui-ci fut persuadé du talent de son jeune collaborateur. Costa n'hésita pas en effet à s'effacer à diverses reprises pour fournir à Niemeyer des occasions de s'affirmer : refus du premier prix décerné lors du concours pour le pavillon du Brésil à l'Exposition internationale de New York en 1939 et élaboration en commun d'un nouveau projet ; abandon en 1940 de la direction du groupe d'architectes responsables du ministère de l'Éducation pour permettre à Niemeyer d'assumer cette charge ; choix de ce dernier pour construire le « Grand Hôtel » d'Ouro Preto (1938-1940), alors que les fonctions de Costa au service des Monuments historiques créé en 1937 et les servitudes imposées par cette ville-musée du XVIIIe siècle semblaient logiquement le désigner pour cette tâche.

    La grande chance de Niemeyer fut cependant de ce voir offrir de 1941 à 1944 par le maire de Belo Horizonte, Juscelino Kubitschek, la construction d'une série de monuments de prestige destinés à lancer une vaste opération immobilière dans le futur quartier de Pampulha, situé hors de la ville. Le programme, qui comprenait un casino, un club nautique, un restaurant populaire, un hôtel (non réalisé) et une chapelle, convenait particulièrement bien à Niemeyer du fait de l'absence de contraintes. L'absolue liberté dont il disposait lui permit de créer des bâtiments originaux, d'autant plus impressionnants qu'ils restèrent isolés au bord d'un lac artificiel puisque les lotissements prévus ne furent pas construits. Cette entreprise marqua également le début d'une entente profonde entre l'homme politique ambitieux, passionné de construction, et l'architecte plein d'imagination. La rencontre ne devait cesser de porter ses fruits, tout au long de la carrière de l'un et de l'autre, aboutissant à l'apogée de Brasília. Niemeyer lui rend hommage avec le mémorial J. Kubitschek (1980-1981).

    Bien que se réclamant officiellement du mouvement rationaliste, Niemeyer ne tarda pas à faire porter l'essentiel de ses recherches sur l'aspect formel de la composition. Estimant que l'architecture de XXe siècle ne serait digne de ce nom que si elle savait exploiter la plasticité de matériaux nouveaux et notamment la malléabilité du béton armé, il s'attacha à mettre au point des structures capables de valoriser l'esthétique des bâtiments (pilotis en V, arcs, voûtes, rampes), il inventa des volumes neufs ou procéda par combinaison d'éléments simples empruntés à un vaste répertoire dont la source fut souvent l'œuvre de Le Corbusier. Les commandes affluèrent à Rio de Janeiro (Banque Boa Vista, 1946) dans l'État de São Paulo (Centre technique aéronautique de São José dos Campos, 1947 ; ensemble du parc d'Ibirapuera à São Paulo, 1951-1954) ou dans celui de Minas Gerais dont Kubitschek fut gouverneur pendant quatre ans (hôtel, école et club de Diamantina, 1950-1951 ; lycée de Belo Horizonte, 1954). L'emploi fréquent des courbes a frappé bien des critiques qui y ont vu une tendance néo-baroque, mais cette opinion est discutable : malgré quelques caprices comme l'utilisation de la forme libre pour le dessin de sa propre maison à Rio de Janeiro (1953-1954) et un dynamisme contenu, l'architecture de Niemeyer est restée marquée par la clarté et l'équilibre.

    L'année 1954 constitua un tournant dans l'œuvre de Niemeyer. Venu pour la première fois en Europe, qu'il parcourut longuement, l'architecte révisa son jugement sur les styles du passé, qu'il avait jusque-là considérés comme incapables d'apporter une contribution à l'architecture contemporaine ; il comprit la signification de ces créations en tant que symbole d'une civilisation et la valeur permanente de leur beauté opposée au caractère transitoire des facteurs fonctionnels et utilitaires. Il s'attacha désormais à épurer son style, à le dépouiller de tout excès de fantaisie, à lui donner un caractère permanent de grandeur monumentale. L'accession de Kubitschek à la présidence de la République et la fondation de la nouvelle capitale, Brasília, furent pour lui l'occasion rêvée. S'il refusa de tracer le plan de la ville qui échut après concours à Lucio Costa, Niemeyer accepta la charge de construire la plupart des édifices publics et notamment ceux de l'axe monumental tracé par Costa. Il fut également l'architecte de l'ensemble des immeubles d'habitation d'une des unités résidentielles de l'aile sud de l'agglomération. Si certaines réserves peuvent être faites quant à l'agencement pratique de ces derniers bâtiments, la réussite plastique des premiers est indéniable. Leur architecture symbolique allie distinction et élégance, audace et nouveauté, puissance et légèreté. Le retour au vieux principe méditerranéen de l'édifice à portique pour la plupart des palais officiels a donné des résultats remarquables, démontrant tout le parti qu'on pouvait tirer des monuments du passé tout en restant typiquement de son époque. La variété des solutions trouvées dans les ouvrages de Brasília n'altère en rien l'unité profonde qui se dégage de la ville entière. La parfaite conjonction du plan de Costa et de l'architecture de Niemeyer ont abouti à la plus belle réalisation de l'urbanisme du XXe siècle.

    Le coup d'État militaire de 1964 le contraint à l'exil, il vit de 1967 à 1972 à Paris. Son audience internationale a considérablement augmenté et il est l'auteur de projets pour des pays multiples : Algérie, Ghana, Liban, Israël (l'université d'Haïfa), Italie (siège des éditions Mondadori à Segrate, 1968-1975) et naturellement la France (siège du Parti communiste à Paris, 1965-1980, et maison de la culture au Havre, 1972-1982). On a souvent opposé ses idées progressistes et le fait que ses grandes réussites aient été obtenues dans des programmes monumentaux qui n'avaient aucun caractère social ; Niemeyer a répliqué que la tâche de l'architecte consistait à construire ce qu'on lui demandait et qu'il ne pouvait renoncer à travailler parce qu'il ne vivait pas dans un régime qui lui aurait confié les commandes désirées. Cette réponse est probablement un alibi ; Niemeyer s'est en effet révélé comme un artiste donnant toute sa mesure lorsqu'il ne se trouvait pas en face de contraintes astreignantes. Sa contribution décisive à la civilisation de notre temps a été de rappeler avec éclat que l'architecture n'était pas seulement une création utilitaire, mais aussi un art de signification majeure, dont l'expression ne devait pas être systématiquement brimée.

bon courage!!

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